Voici une nouvelle série sur la marche en famille, ses bienfaits sur la santé et sur les enfants qui marchent ou pas.
1) Pourquoi marcher ? 1/7
La marche est une des activités physiques les plus bénéfiques et les plus faciles d’accès qui soit. Elle protège des maladies cardio-vasculaires et métaboliques, aide à lutter contre le
stress global et le stress oxydatif au niveau cellulaire, permet de rester en bonne forme physique générale et de garder la ligne. Ce que vous savez
peut-être moins, c’est qu’elle est également conseillée en prévention de pathologies telles que le diabète, la maladie d’Alzheimer, ou encore la dépression et permet de chouchouter son
système immunitaire. Bonus supplémentaire : la marche nous fait du bien tout en douceur, sans risquer des blessures musculaires ou articulaires. Nous pouvons adapter facilement notre rythme
et la longueur de nos sorties à nos capacités et à nos besoins et si nous avons la possibilité de marcher en forêt, nous profitons également des bienfaits de la sylvothérapie et améliorons
notre bien-être général!
En bref, la marche, c’est la vie ! Nous sommes naturellement faits pour marcher : c'est LE mode de déplacement de base de l’humain.
Et vous, êtes-vous un marcheur dans l’âme, toujours prêt à mettre un pied devant l’autre ? Ou au contraire, est-ce que vous associez la marche à un pensum ? Et qu’en est-il des enfants ? La
suite ci-après !
2) La marche et les enfants : généralités 2/7
Pour les enfants également, la marche est une activité extrêmement bénéfique. En plus des mêmes bienfaits que ceux rencontrés chez les adultes, la marche apporte aux enfants des
particularités spécifiques. Elle leur permet ainsi de développer leurs capacités motrices de manière adaptée à leurs besoins : en effet, en faisant du sport en salle, l’enfant est
confronté à un sol plat, lisse et uniforme, à des obstacles identiques et peu mobiles, à une diversité limitée de possibilités, alors que
l’environnement naturel lui offre une infinité d’interactions, avec pentes, pierres, trous, bosses, branches, eau… et une stimulation sensorielle adaptée (ni trop faible, ni trop
excessive). Marcher, sauter ou courir régulièrement sur des terrains vivants offre une opportunité incroyable de développer son équilibre, son adresse et d’apprendre à mieux connaître
son corps et ses capacités, en toute liberté, et idéalement sans l’intervention d’un adulte (qui se doit de rester le plus possible en observateur neutre s’il ne veut pas entraver le
processus de développement naturel de l’enfant).
La marche est aussi particulièrement intéressante dans le domaine de la prévention de l’obésité et de la myopie (ajuster régulièrement son regard à des objets situés au loin, puis de
près, permet par ex. de contrer les effets délétères d’une exposition excessive aux écrans sur la vue). Elle contribue enfin à un apprentissage en douceur de l’effort et de
l’endurance, ainsi qu’à une réflexion plus globale sur l’entraide et le respect de l’environnement.
Vous voyez : plus aucune raison de ne pas enfiler ses baskets pour aller se promener en famille ce week-end ou même ce soir.
3) La marche et les enfants : quelles distances ? 3/7
OK, marcher en famille est donc une excellente idée. Mais sur quelles distances ?
On part généralement du principe qu’un enfant de 3 ans peut marcher plus ou moins 6 km, un enfant de 4 ans 8 km, un enfant de 5 ans 10 km, 12 km à 6 ans et ainsi de suite.
Alors oui, je sais, cela peut paraître beaucoup pour des enfants qui n’ont pas l’habitude de marcher. Mais voilà, c’est justement là qu’est le point sensible. Ce sont des
enfants qui n’ont pas l’habitude de marcher, pas qu’ils n’en sont pas capable. La question n’est pas physiologique, mais bien culturelle, et
symptomatique d’une société où plus grand monde ne marche. Nous tous, autant que nous sommes, nous avons oublié comment marcher au quotidien. Or, la norme devrait
physiologiquement se trouver du côté de la marche : en tant qu’humain, nous sommes adaptés aux longues marches sur de nombreux kilomètres pour trouver notre nourriture. C’est
aussi ce que faisaient les générations précédentes qui pouvaient faire une dizaine de kilomètres à pieds pour aller au village voisin voir un membre de la famille, aller
travailler ou aller à un bal. En restant des heures assis sur une chaise, sur le siège de la voiture et sur le divan, nous développons malheureusement des pathologies de
société en partie évitables avec une autre vision du quotidien.
Un enfant qui ne veut pas marcher car il n’aime pas cela exprime un sentiment, plus ou moins momentané, tout-à-fait acceptable et entendable, dont les causes peuvent être
diverses.
Mais un enfant qui ne marche pas est souvent symptomatique d’autres choses, d’un dysfonctionnement sociétal qu’il est de notre devoir de reconnaître et de chercher à contrer.
Si votre enfant n’aime pas marcher, ne culpabilisez pas pour autant, cela ne servirait à rien. Mais gardez à l’esprit qu’il est important que vous trouviez des solutions pour
l’amener à repenser la marche qui est loin de n’être qu’un mode de déplacement !
4) La marche et les enfants : faire de la prévention 4/7
D’une manière générale, pour éviter un problème, il est plus facile de ne pas le laisser s’installer que de lui faire la chasse une fois qu’il est déjà bien en place.
La première chose à faire pour amener ses enfants à aimer marcher est donc au niveau préventif, quand ils sont tout petits !
Une première étape pour bien connaître son corps et l’habiter au mieux, c’est la motricité libre. Si votre enfant n’est pas entravé par la bonne volonté d’un adulte lors de son développement moteur, il aura moins de risque de connaître des douleurs éventuelles ou des déséquilibres, des
insécurités qui l’éloigneront du plaisir de marcher. Donc, on oublie les transats, youpalas et autres accessoires de puériculture du même type et on laisse son enfant
par terre le plus souvent possible, en parfaite autonomie.
Deuxième étape, il marche déjà mais à son rythme bien à lui, en faisant des petits pas et des arrêts contemplation tous les 10 mètres. Ne le stressez pas
systématiquement, ne l’obligez pas à marcher vite pour suivre le rythme des adultes ou des plus grands. Respectez autant que possible son rythme sur certains moments
de marche spécifiques. Prenez régulièrement votre temps quand il est petit pour qu’il aille vite et loin en grandissant.
Attention également à tout ce qui entrave la marche : poussettes, chariots qui deviennent vite indispensables et qui amènent l’enfant à diminuer ses efforts. Pourquoi
se fatiguer quand on peut se faire pousser ? Un confort excessif rend paresseux. Les moyens de portage sont différents car le parent se fatigue plus rapidement et il a
donc tendance à inciter fréquemment son enfant à marcher.
Marchez régulièrement avec vos enfants, faites des pauses, portez-les un peu si nécessaire : du type « je te porte jusqu’au grand arbre là-bas et après tu marches à
nouveau ». Le fait que leur fatigue soit entendue suffit souvent à leur redonner de l’énergie. Verbalisez leurs émotions et leur frustration. Expliquez-leur également
votre fatigue personnelle, cela les incite à développer leur empathie et leur entraide naturelle.
Marcher est un apprentissage qui se construit sur la longueur et le temps. Montrez-leur l’exemple en marchant quotidiennement, sur de petits trajets.
Enfin, marcher est aussi synonyme de prendre son envol, d’aller visiter le monde. Une insécurité émotionnelle chronique peut éloigner l’enfant du plaisir de la marche
et de la découverte. A voir donc si vous êtes concernés et si vous devez creuser dans cette direction.
5) La marche et les enfants : comment les motiver à marcher ? 5/7
Après avoir abordé le sujet de la prévention hier, nous allons maintenant nous intéresser aujourd’hui et demain à ce que nous pouvons faire si les enfants sont
déjà grands mais qu’ils n’aiment pas marcher et qu’ils rechignent à vous suivre chaque fois que vous proposez une balade en famille.
Commençons par tout ce qui est de l’ordre du jeu : les enfants aiment jouer, nous l’avons tous remarquer. Passer par le jeu peut donc nous aider à les amener à changer leur vision de la marche. Alors n’hésitez plus à faire de vos balades des courses d’orientation ou
des chasses au trésor. Que vous ayez caché un trésor au préalable ou que vous ayez une liste d’éléments à cocher (des animaux et des végétaux typiques de votre
région, un cours d’eau…), les enfants raffolent souvent de ce genre d’initiative, surtout si elles sont accompagnées d’énigmes. Vous pouvez aussi décider de marcher à la
manière d’un naturaliste ou d’un botaniste dont vous aurez au préalable lu ensemble l’histoire (en vous déguisant par exemple), de chercher à compléter une
collection (de fossiles, de coquilles d’escargot, de pommes de pins, de faînes, ou de glands…), ou encore de faire de la cueillette sauvage. Marchez en groupe
avec d’autres enfants de leur âge fonctionne aussi très bien pour motiver les plus récalcitrants.
Vous l’aurez compris, l’idée générale est de remettre du plaisir dans la marche elle-même, et/ou de donner un objectif à vos promenades. De nombreux enfants
marcheront ainsi plus facilement s’il y a une rivière, un lac, une grotte ou un panorama à découvrir à mi-chemin. N’hésitez donc pas à planifier vos promenades
en fonction de ce type d’évènements et à proposer à vos enfants d’être actifs dans les préparatifs, le choix du parcours et de la distance : l’idée est de les
encourager en douceur sans les démotiver dès le départ !
En conclusion, la nouveauté est très importante dans le principe de la motivation : beaucoup d’enfants marchent finalement plus facilement une journée entière
dans un lieu inconnu, plein de découvertes, que sur une balade connu de 1 ou 2 heures. Donc soyez régulièrement créatifs pour remettre de la joie dans ce
processus d’apprentissage, sans en faire une obligation!, tout en laissant de plus en plus la voiture au garage pour les petits trajets du quotidien.
Réapprenez à marcher en famille, la marche doit redevenir un réflexe, pas seulement une exception.
6) La marche et les enfants : pour aller plus loin 6/7
Nous avons vu hier quelques idées générales pour redonner le plaisir de marcher aux enfants. En voici d'autres :
Faites attention au ravitaillement ! Lorsqu’il manque à boire ou à manger, c’est souvent une grande source de frustration pour les enfants qui n’aiment
pas marcher. Ils vont se focaliser dessus et ne plus pouvoir prendre de plaisir à autre chose, alors qu’un autre enfant pourrait y trouver une forme de
dépassement de soi. Donc prévoyez large !
Certains enfants voient la marche comme une perte de temps mais peuvent faire des kilomètres sans broncher s’ils ont quelqu’un avec qui parler de leurs
passions. Parlez donc avec vos enfants quand vous marchez, laisser-les parler de leur journée, de leurs intérêts spécifiques (vous avez, ces lubies
qu’ils ont pour tel personnage de série, tel jeu vidéo ou tel centre d’intérêt si spécial, qui ne vous intéresse pas du tout, mais qu’ils adorent
partager avec vous) et faites-en un moment d’échange.
Vous pouvez aussi les aider à être présents à ce qui les entoure et non à ce qui les attend à la maison ou à ce qu’ils ont peur de manquer : amenez-les
à regarder ce qu’il y a autour d’eux, à entendre, à sentir, à être ancré dans le monde et dans le réel, dans le moment présent. Le jeu de la
concentration fonctionne assez bien dans ce cas. Trouvez ensemble : 1 chose que je goûte, 2 choses que je sens avec mon nez, 3 choses que je touche, 4
choses que j’entends et 5 choses que je vois.
Je terminerais enfin avec deux idées générales. Il est tout d’abord essentiel que les enfants comprennent pourquoi vous faites les choses. Si vous
aimez marcher, être dans la nature, dites-leur. Expliquez-leur également pourquoi c’est important de marcher, en quoi c’est bon pour leur santé.
Il est ensuite souvent probant de présenter les choses sous forme de défi. Non pour rentrer dans la compétition à tout prix, mais juste pour redonner
de l’intérêt à quelque chose qui en a perdu. Proposer parfois de longues promenades ardues, des treks en bivouac dans la nature, peut motiver bien plus
que d’aller marcher 5 km autour de la maison.
7) La marche sur l’Échappée Jurassienne 7/7
Les enfants et moi sommes partis 7 jours en mai sur l’Échappée Jurassienne entre Arc-et-Senans et Lons-le-Saunier. Nous avons dormi 4 nuits en camping, 2 nuits en bivouac et
fait des étapes de 15 à 28 km. Je ne réserve jamais à l’avance, le fait de transporter le matériel nous permet de nous arrêter quand nous n’en pouvons plus, sans stress
inutile. Je trouve cette solution plus adaptée aux enfants. Désavantage indéniable : le sac est lourd car il faut emporter tente, matelas et
sacs de couchage !
L’Échappée est adaptée à des enfants bon marcheurs : comme toujours en moyenne montagne, les dénivelés sont là, mais cela reste accessible. Les paysages sont magnifiques et
variés, et nous avons pu faire quelques visites culturelles (maison de Louis Pasteur à Arbois, grottes de Baume-Les-Messieurs…). Les campings pourraient être plus nombreux
(sans bivouac, nous aurions dû parfois marcher au-delà du raisonnable) tout comme gîtes ou chambres d'hôte (bon, en mai, nous n’avons croisé personne sur le trek! Mais en été,
cela peut être compliqué.). Nous n’avons pas eu de problème avec l’eau, nous avons toujours fini par trouver une fontaine ou quelqu’un pour nous remplir nos gourdes. Nous
avons croisé quelques rivières mais le niveau d’eau était très bas et la plupart ne sont pas autorisés à la baignade pour protéger le milieu naturel. Le ravitaillement en
nourriture quant à lui a toujours été relativement simple (pas plus de deux jours de nourriture à porter).
Deux gros points positifs : énormément de plantes le long de chemin (asperges sauvages, ail des ours, plantain…) pour compléter nos repas et de nombreuses forêts qui nous ont
bien rafraîchis.
En conclusion, un trek adapté aux enfants et aux températures chaudes, même si les garçons ont tous les deux préférés Stevenson. Nous l’avons écourté car pluie et orages
arrivaient mais nous comptons le finir: de magnifiques étapes nous attendent !!
Quelles sont vos balades préférées en famille ?
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