Vous me posez beaucoup de questions sur l’IEF en ce moment en mp. Je vais tenter d’y répondre dans cet article.
1) Pourquoi avoir choisi l’IEF ?
C’est un choix qui est toujours très personnel. Au tout début, dans notre famille, c’était le prolongement logique de la parentalité proximale et bienveillante : nous passions toutes nos
journées ensemble, cela n’avait pas de sens de faire entrer un nouveau paramètre dans l’équation. Je ne me voyais pas envoyer mon aîné à l’école alors que
son frère et ses parents étaient à la maison (congé parental).
Aujourd’hui, nous continuons essentiellement pour la liberté que cela nous procure : nous pouvons organiser nos journées comme nous l’entendons tout en ayant énormément de temps libre pour
les loisirs des enfants et pour qu’ils développent leurs centres d’intérêt respectifs. Nous pouvons également organiser l’année scolaire à notre guise (mes enfants passent en moyenne 3 mois
de l’année chez leur père à l’étranger) et faire du multi-niveaux.
Cela nous permet enfin une vie plus équilibrée et plus lente, en accord avec les valeurs naturopathiques que je porte.
2) Comment faire pour travailler à côté ?
Pas toujours simple en effet. Souvent, un des conjoints travaillent quand l’autre reste à la maison. Ou les deux travaillent à mi-temps. Quand les enfants étaient petits, leur père et
moi étions en congé parental. Puis, nous nous sommes séparés et j’ai repris un travail en micro-entreprise, après une reconversion professionnelle, afin de pouvoir gérer mon temps
comme je le voulais.
Au début, je travaillais le soir et/ou la nuit et je les faisais garder de temps en temps par leurs grands-parents. Maintenant qu’ils ont grandi, je
peux effectuer une partie de mon travail avec eux dans les parages. Pour les consultations, ils gèrent comme ils l’entendent : ils vont chez leurs grands-parents ou des amis, ou ils
restent calmement dans une autre pièce. Certains parents ne travaillent que les week-ends par exemple, ou s'arrange entre amis pour se garder mutuellement les enfants.
Travailler en faisant l’IEF est donc possible, mais cela demande une grand flexibilité et une certaine créativité. Il ne faut pas hésiter à sortir des chemins battus pour trouver sa
solution (souvent temporaire, d’ailleurs).
3) Est-ce que l’IEF est faite pour moi?
Je ne peux pas répondre à cette question : la seule manière de savoir est d’essayer. Et pas seulement un ou deux mois, il faut vraiment plonger dedans pendant un certain
temps. En effet, la dynamique familiale change complètement en IEF par rapport à la vie scolarisée. Mais cela prend du temps pour que chaque membre de la famille trouve ses
marques.
Il n’est pas non plus possible de comparer l’IEF avec ce qui s’est passé pendant le confinement. Les enjeux et le contexte sont différents.
Vous pouvez sortir autant que vous voulez avec vos enfants, vous décidez des apprentissages et de leur fréquence, vous êtes responsables de cette décision. Pour certains,
c’est une libération, pour d’autres un poids. Certains parents adorent et s’épanouissent complètement dans ce choix (même s’ils peuvent en avoir marre certains jours, comme
pour tout!), d’autres s’épuisent car ils vont à l’encontre de leurs besoins propres.
Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à les poser en commentaires ou en mp.
4) Comment organisez-vous les apprentissages?
Jusqu’au CE1 plus ou moins, mes enfants étaient en unschooling, c’est-à-dire qu’ils apprenaient à leur convenance, quand ils en avaient envie et avec les supports qui
les intéressaient. Je crois énormément à l’importance de laisser du temps au début de la vie pour se construire à son rythme, en toute autonomie, pour apprendre à être
avant d’apprendre à faire.
A partir de là, continuer en unschooling ne me convient plus, pour diverses raisons qui me sont personnelles : pas assez de temps ni
d’énergie pour leur créer un environnement suffisamment riche afin qu’ils atteignent mes objectifs d’apprentissage, un désir personnel qu’ils suivent plus ou moins,
même de loin, le programme de l’éducation nationale et qu’ils aient une bonne culture générale. Pour faire court, car je pourrais détailler pendant des heures, l’IEF
leur apporte énormément ; je ne veux pas qu’elle soit également source de difficultés ou de regrets dans leur vie future. Donc nous cherchons une forme d’équilibre
entre la liberté qu’elle procure et les besoins de chacun et de la société.
Nous avons donc commencer à travailler de temps en temps sur du formel imposé, sur le rythme de plus ou moins 2 fois une demi-heure par semaine, pour atteindre
aujourd’hui des années après 2 à 3 heures de formel, 3 à 5 fois par semaine. Ces phases sont dédiées à l’apprentissage de techniques pédagogiques et à les amener vers
des sujets qui les intéressent moins. Le reste du temps en journée continue à être utilisé à leur guise pour développer leur culture générale et leurs intérêts
spécifiques.
Aujourd’hui, je planifie l’année à l’avance avec eux, en leur demandant sur quelles matières ils veulent mettre l’accent ou quelle compétence ils souhaitent acquérir.
Nous avançons par exemple nettement plus vite dans les sciences que dans les matières littéraires. J’utilise quelques manuels pour avoir des notions de base, par
exemple des livres qui couvrent tout le collège et qui nous permettent de lister les thèmes que nous devons voir. Et nous complétons avec divers matériels, livres de
vulgarisation scientifiques, podcasts, vidéos, romans à caractère pédagogique… Le seul domaine où nous suivons spécifiquement le programme est les maths. Il est
difficile de faire autrement, les maths étant un langage, il est souvent nécessaire de passer par l’étape A avant d’aborder l’étape B. Mais là aussi, nous ne sommes
pas que dans l’exercice pur, nous cherchons à développer une culture mathématique plus vaste. Je les aide également à voir qu’ils pratiquent généralement des
apprentissages croisés sans forcément sans rendre compte.
6) Comment faire travailler les enfants ?
Là encore, les expériences divergent énormément d’une famille à l’autre. Dans certaines familles, c’est la croix et la bannière et elles renoncent à l’IEF car
elles n’y arrivent plus. Dans d’autres, pas de difficultés spécifiques.
Je vais tout de même vous donner quelques grandes lignes de réflexion :
- Un enfant qui a été scolarisé longtemps et qui arrive en IEF pour des difficultés avec l’institution scolaire a généralement des a prioris négatifs sur les apprentissages. Il va donc lui falloir énormément de temps pour être capable de retrouver l’envie d’apprendre. Et la meilleure
façon d’y parvenir est de lui laisser ce temps, dans la mesure du possible.
- Les enfants n’ont pas tous les mêmes capacités d’apprentissage. Certains engrangent les informations en mode TGV, d’autres ont besoin de répétition et
d’explications détaillées. Ceux qui sont doués dans ce qu’ils font auront bien évidemment tendance à apprécier apprendre et travailler, alors que ceux qui ont
des difficultés pourront traîner des pieds et c’est bien compréhensible. A nous parents de modifier les supports d’apprentissage et les domaines afin que nos
enfants apprécient au mieux ce moment.
- Si les apprentissages moins sympas mais nécessaires sont courts et peu nombreux, les enfants ayant suffisamment de libertés dans leur vie s’y prêtent
généralement volontiers. Lâcher prise sur autre chose si vous avez besoin d’un peu plus de coopération pour l’IEF.
- On apprend plus vite et mieux ce qui nous motive et nous intéresse. Soyez créatifs et essayez de faire passer les apprentissages par les centres d’intérêts
de vos enfants.
- Expliquez-leur aussi pourquoi vous avez besoin/envie qu’ils apprennent telle ou telle chose. S’ils en voient l’utilité, ce sera plus simple.
- Adaptez-vous à votre enfant, évitez la confrontation systématique, lâchez prise. Il est trop fatigué aujourd’hui, pas de problème, lisez-lui un livre ou
regarder un documentaire ensemble. Il préfère des horaires prédéfinis ou au contraire, déteste être interrompu dans ce qu’il fait et préfère venir à vous de
manière spontanée… Établissez avec lui un plan d’attaque à la semaine, puis à l’année. Redonnez-lui du pouvoir sur ses apprentissages, cela simplifiera la
donne, vous verrez.
Vous retrouverez d’autres idées sur l’apprentissage des enfants dans mon e-book gratuit à télécharger.
6) Qu’est-ce que la nouvelle loi a changé ?
Beaucoup de choses malheureusement. Elle oblige à demander l’autorisation de faire l’IEF, alors qu’avant il suffisait de le déclarer. Et cette autorisation est difficile à
obtenir pour l’instant. C’est un petit peu au petit bonheur la chance, en fonction des académies. Elle ne permet plus non plus de déscolariser en cours d’année, à part pour
certains cas très spécifiques. Il faut en effet demander l’autorisation entre les mois de mars et de mai de l’année scolaire précédente.
Cela ne signifie toutefois – pas encore en tous cas, nous continuons à nous battre – que l’IEF n’est pas possible. Si vous êtes tentés par l’aventure, rapprochez-vous
d’associations pour voir ce qu’il est envisageable de faire.
7) Et la socialisation ?
Tadaaaa ! La question qu’on pose a toutes les familles en IEF !
Alors, pour faire court, il n’y a aucun problème de sociabilité. Les enfants en IEF depuis toujours sont même généralement très doués pour communiquer avec autrui,
sans distinction de genre, d’âge ou de milieu social. Le fait que la socialisation n’ait pas été imposée en force et en grand nombre permet de l’apprécier à sa juste
valeur.
Généralement, il n’y a pas de problème de socialisation non plus. La plupart de enfants en IEF voient des copains une à deux fois par
semaine dans des réunions non-sco ou des familles se rencontrent entre elles et ils ont des activités régulières où ils croisent d’autres enfants dans des clubs. Pour
certains, ce ne sera pas suffisant. Cela va dépendre de beaucoup de critères, de leur place dans la famille, du fait qu’ils jouent beaucoup ou pas avec des frères et
sœurs, de leur besoin primaire d’être seul ou d’être en groupe… Certains enfants ont envie de voir des copains tous les jours. Et là, pour être honnête, cela peut
finir par poser problème dans certaines régions plus retirées, où les familles habitent loin les unes des autres ou lorsque les enfants grandissent (il y a nettement
plus de petits en IEF que de grands). Je connais des enfants qui ont demandé à retourner/aller à l’école pour cette raison. Mais cela reste des exceptions.
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